Le clonage humain, sujet de science-fiction depuis des décennies, soulève de nombreuses questions éthiques, scientifiques et juridiques. Alors que les avancées technologiques rendent cette perspective de plus en plus plausible, il est essentiel d’examiner les enjeux légaux qui entourent cette pratique controversée.
Le clonage humain : définition et types
Il convient tout d’abord de définir ce qu’est le clonage humain. Il s’agit de la création d’un individu génétiquement identique à un autre individu existant ou ayant existé, par le biais de techniques de reproduction artificielle. On distingue généralement deux types de clonage humain :
- Le clonage thérapeutique, qui vise à créer des cellules souches pour les utiliser dans le traitement de maladies ou la régénération d’organes endommagés. Ce type de clonage ne conduit pas à la création d’un nouvel individu.
- Le clonage reproductif, qui consiste en la production d’un nouvel individu génétiquement identique à un autre, avec pour objectif la naissance d’un être humain.
Réglementations internationales sur le clonage humain
Au niveau international, il existe quelques textes qui abordent la question du clonage humain. La Convention d’Oviedo sur les droits de l’homme et la biomédecine, adoptée en 1997 par le Conseil de l’Europe, est un exemple significatif. Bien qu’elle ne mentionne pas explicitement le clonage humain, son article 13 stipule que « l’utilisation des techniques de procréation médicalement assistée ne doit être admise que pour des raisons thérapeutiques ou diagnostiques qui sont déterminées par la loi ».
Cependant, cet accord n’a été ratifié que par 29 des 47 États membres du Conseil de l’Europe, et certains d’entre eux ont émis des réserves sur cet article. Cela montre bien les divergences d’opinions et d’approches entre les pays sur cette question complexe.
Les enjeux légaux du clonage humain
Le clonage humain soulève plusieurs enjeux légaux majeurs :
- Le statut juridique de l’être humain cloné : La question centrale est de savoir si un individu issu du clonage doit être considéré comme une personne à part entière, dotée des mêmes droits fondamentaux que tout autre être humain. Cela inclut notamment le droit à la vie, à l’intégrité physique et mentale, ainsi qu’à la dignité et à l’autonomie personnelle. Une réponse claire à cette question est indispensable pour déterminer si le clonage humain peut être autorisé ou non.
- La responsabilité juridique des chercheurs et praticiens : En cas de clonage humain, qui serait responsable des éventuelles conséquences néfastes pour l’individu cloné ? Les scientifiques et les médecins impliqués dans le processus pourraient être tenus pour responsables en cas de préjudice causé à l’être humain cloné, notamment sur le plan civil ou pénal. Il est donc essentiel d’établir un cadre juridique précis pour encadrer la responsabilité des acteurs concernés.
- Les questions de filiation et d’héritage : Le clonage humain pourrait également avoir des conséquences sur les règles de filiation et d’héritage. Un individu cloné aurait-il droit à hériter de la personne dont il est issu ? Serait-il considéré comme l’enfant légitime de cette personne ? Les législations nationales devront prendre en compte ces aspects lorsqu’elles se pencheront sur la question du clonage humain.
Le débat éthique autour du clonage humain
Outre les enjeux légaux, le clonage humain soulève également de nombreuses questions éthiques. Certains arguent que cette pratique porte atteinte à la dignité humaine, tandis que d’autres estiment qu’elle pourrait permettre de sauver des vies ou d’améliorer la qualité de vie de personnes souffrant de maladies graves.
« Le clonage […] pose un problème majeur au regard du respect de la dignité humaine », souligne ainsi Jacques Testart, biologiste français et père scientifique du premier bébé-éprouvette français. « Il s’agit d’une instrumentalisation de l’homme, qui devient un objet de recherche, voire un produit commercialisable ».
Toutefois, certains chercheurs estiment que le clonage thérapeutique pourrait contribuer à la recherche médicale et au traitement de maladies incurables. Ainsi, Alan Trounson, professeur émérite en sciences de la reproduction à l’Université Monash en Australie, soutient que « les cellules souches pluripotentes induites issues du clonage thérapeutique pourraient permettre aux médecins de traiter des maladies jusqu’alors incurables ».
Conclusion : une question juridique et éthique complexe
Le clonage humain est un sujet hautement controversé qui soulève des enjeux légaux et éthiques majeurs. Les législations nationales et internationales devront évoluer pour encadrer cette pratique, en tenant compte des avancées scientifiques et des préoccupations éthiques. Il est essentiel d’établir un cadre juridique clair afin de protéger les droits fondamentaux des individus et de déterminer les responsabilités des chercheurs et praticiens impliqués dans ces processus.
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